Le Groupe cherche des relais de croissance dans l'Oncologie.
La cancérologie sera-t-elle le nouvel eldorado de
Pfizer ? Après les rachats avortés d'AstraZeneca et d'Allergan, Pfizer doit
absolument trouver en lui-même les ressources pour renouveler une gamme de
produits très impactée par la perte des brevets d'ex-blockbusters comme le
Viagra, le Lipitor ou le Celebrex. C'est vers la cancérologie qu'il a décidé de
se tourner en priorité, attiré par le potentiel de ce marché.
Actuellement chacun des six produits d'oncologie du
groupe ne pèse que pour 1 à 3 % dans son chiffre d'affaires
global . Mais il y consacre maintenant la plus grosse part (non précisée) des
7 milliards de dollars de son budget moyen annuel de R&D. Il n'est ni le
premier ni le seul à avoir fait ce choix.
Aussi, pour recoller au trio de tête (BMS, Merck-MSD,
Roche), le géant américain a opté pour une double stratégie. D'une part, il
cherche à étendre les indications des produits qu'il commercialise déjà comme
l'Ibrance (cancer du sein), le Xalcori (cancer du poumon) ou le Xtandi (cancer
de la prostate), issu du rachat de la biotech américaine Medivation au prix fort
(14 milliards de dollars).
D'autre part, Pfizer, comme AstraZeneca, entend jouer
la carte des combinaisons de molécules. « Pour cela, nous voulons notamment
utiliser comme base l'avelumab, une molécule d'immunothérapie de première
génération que nous codéveloppons avec l'allemand Merck », explique Chris
Boshoff, responsable de la R&D en oncologie chez Pfizer. Cette molécule est
actuellement en essais de phase III.
Collaborations Extérieures
Pfizer a bien compris que, en arrivant en quatrième
position, voire en cinquième, il ne peut espérer rivaliser avec le Keytruda de
Merck-MSD, l'Opdivo de BMS ou le Tecentriq de Roche, qui occupent déjà le
terrain. « Notre objectif, c'est d'être en mesure de proposer des
combinaisons à base d'immunothérapie "maison" en conjuguant l'avelumab avec les
produits de notre portefeuille et de notre pipeline », poursuit Chris
Boshoff.
Mais aussi avec d'autres anticancéreux à travers des
collaborations extérieures et pourquoi pas des acquisitions comme ce fut le cas
avec Medivation. « Des partenariats sont absolument nécessaires »,
estime Liz Barrett, présidente de l'activité oncologie chez Pfizer,
reconnaissant ainsi implicitement que les ressources internes ne suffisent pas.
« Cela suppose ensuite de choisir les indications
où il y a des besoins non satisfaits et où nous pourrons faire la
différence », ajoute Chris Boshoff. Aujourd'hui, pour chaque organe (sein,
poumon, prostate), on sait qu'il existe de multiples sous-types nécessitant des
traitements différents. A plus long terme, le pipeline de Pfizer est plus étoffé
avec une dizaine de molécules en essais de phase I, issues de plates-formes
technologiques variées ou ciblant des mécanismes biologiques différents,
notamment d'autres pistes d'immunothérapie. Mais, dans l'immédiat, il faudra
nourrir la croissance, alors que les secteurs traditionnels du laboratoire
(diabète, cholestérol, neurosciences) viennent désormais derrière le cancer en
termes de R&D.